Genèse des Armées Chrétiennes

Histoire des Armées Chrétiennes, de la naissance du Christ à la chute de Rome


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 TOME I

 Genèse des Armées Chrétiennes : Les Anciens Dieux

Au temps du Roi Hérode, c’est-à-dire à l’époque où le Christ naissait à Bethléem, la religion était discutée dans la province de Judée, par nombre de sectes. La philosophie grecque de Platon, tirée en partie des anciens livres égyptiens, occupait les réflexions des penseurs et des religieux qui vivaient à Alexandrie, ville d’Egypte qui rayonnait encore sur l’Orient Romain. Ces réflexions influençaient les pratiques et les discours jusqu’à Jérusalem. Elles travaillaient les divers peuples qui y vivaient, à travers les hommes qui s’occupaient à rechercher des vérités. Comme un peu partout dans l’Empire Romain, des Ecoles, des Sociétés se formèrent. Parmi ces sectes, certaines étaient religieuses alors que d’autres étaient purement philosophiques. En Judée, trois sectes étaient principalement actives, celle des Saducéens, des Pharisiens et des Esséniens. Elles regroupaient les pensées religieuses de différents mouvements de pensées que l’on disait être hébraïques.

La secte saducéenne était la plus ancienne. Tous les commentateurs, tous les savants, conviennent qu’elle n’admit jamais l’immortalité de l’âme. Ainsi, elle ne pouvait reconnaître l’enfer, ou le paradis. Pour ses adeptes, la résurrection était donc impossible. Ils niaient la possibilité d’une autre vie qui commencerait après la mort, s’imposant une pratique religieuse rigoureuse et une justice terrestre stricte, à laquelle il fallait bien évidemment obéir de son vivant. Ainsi, ils joignaient la sévérité stoïque aux dogmes épicuriens. Alors que ceux qui professaient de tels dogmes, étaient persécutés, condamnés par les tribunaux, suppliciés et mis à mort dans le reste de l’Empire, ils étaient non seulement tolérés en Judée, mais également honorés, et considérés comme supérieurs aux Pharisiens. Les Saducéens étaient respectés en raison de leur croyance en Moïse. Le Pentateuque en effet, ne révélait aucunement qu’il existait des peines ou des récompenses après la mort, ou que l’âme était immortelle et la résurrection possible. Ainsi, les Saducéens s’en tenaient scrupuleusement à la lettre de Moïse. Au travers de mœurs irréprochables, ils vivaient dans la vertu la plus respectable, ce que Rome pouvait bien justement tolérer en Judée.

Les Esséniens étaient des religieux qui pouvaient se marier, bien qu’asservis à des règles rigoureuses. Ils vivaient ensemble, mettant tout en commun, partageant leur temps entre la prière et le travail. Ils ne connaissaient pas la propriété individuelle, et ne sortaient pas de leur collège pour parler et échanger avec ceux qui n’étaient pas des leurs. En réalité, ils fuyaient la compagnie des hommes. Pline disait d’eux, « nation éternelle dans laquelle il ne naît personne ». La religion des Esséniens, tenait par beaucoup de côtés, de celle des Perses. Ils révéraient le soleil, soit comme un Dieu, soit comme son plus bel ouvrage. Ils craignaient par exemple, de souiller ses rayons en satisfaisant aux besoins de la nature. Leur croyance sur l’existence de l’âme leur était particulière. Pour eux, elle était une entité aérienne, qu’un attrait invincible attirait dans un corps organisé. A la mort du corps, elle sortait de sa prison pour se rendre dans un endroit au climat tempéré et agréable qui se trouvait au-delà de l’Océan. Bien évidemment, ce voyage se faisait uniquement si l’âme avait bien vécu. Celle des méchants, allait dans un pays froid et orageux. Il est fort à présumer, que cette société était une branche de celle des thérapeutes égyptiens.

Les Pharisiens formaient l’école la plus nombreuse et la plus puissante de Judée et de Palestine. Ils étaient, au contraire des Esséniens qui s’en absentaient, de toutes les affaires aussi bien politiques que religieuses. Cette secte, très étendue, ne formait pas un corps à part, bien que littéralement, leur nom signifiait « séparer ». Ils n’avaient pas de collège, pas de lieu d’assemblée, de dignité attachée à leur ordre, de règle commune. Rien, ne les désignait à être une société particulière, bien qu’ils eussent auprès des populations juives, un très grand crédit. Ces Pharisiens ajoutaient à la loi du Pentateuque, la tradition orale. Par là, ils avaient acquis la réputation d’être des hommes savants. C’est à partir de cette tradition orale qu’ils admettaient la métempsycose. Au travers de cette doctrine de la réincarnation, qui venait de l’Egypte antique, ils établirent que les esprits malins, les âmes des diables, pouvaient entrer dans le corps des hommes. Toutes les maladies inconnues, notamment mentales, leur paraissaient ainsi être des possessions diaboliques. Ils se vantaient par la même de pouvoir chasser les diables avec des exorcismes, et l’utilisation d’une racine nommée Barath. On prêtant que les Pharisiens furent les instigateurs d’un ouvrage qui devint célèbre au travers du temps, La Clavicule de Salomon, qui renfermait ses secrets. On peut juger par ce livre de leur pouvoir de chasser les diables, pouvoir que Jésus-Christ lui-même possédait si l’on se réfère à l’évangile de Saint Matthieu au Chapitre 23, et qui justifiait à lui seul, le crédit que les populations leur accordaient. De plus, on les révérait comme les interprètes de la loi, et par ce fait, on s’empressait de s’initier à leurs Mystères. Ils enseignaient en effet, la résurrection et les moyens pour atteindre le royaume des cieux. Les évangiles nous apprennent avec quelle véhémence Jésus-Christ se déclara s’opposer à eux. Il les appelait hypocrites, sépulcres blanchis, race de vipères. Toutefois, ses paroles ne s’adressaient pas uniformément aux Pharisiens, et tous n’étaient pas sépulcres et vipères. Et, s’il n’existe pas de société dont tous les membres soient méchants, nombre de Pharisiens l’étaient indubitablement, puisqu’ils trompaient le peuple pour mieux le gouverner.

En dehors de ces trois grandes familles de pensées, existait une autre secte, qui était celle des Thérapeutes. Les Thérapeutes étaient une vraie société, semblable en bon nombre de points à celle des Esséniens. Elle venait originairement d’Egypte, et plus particulièrement du sud du lac Mœris. On connaît le beau portrait que fait d’eux le Juif Philon qui était un de leur compatriote. Il n’est pas étonnant qu’après toutes les querelles, souvent sanglantes, que les Juifs transplantés en Egypte eurent avec les Alexandrins, leurs rivaux dans le commerce, il y en eût plusieurs qui se retirassent loin des troubles du monde, et qui embrassèrent une vie solitaire et contemplative. Chacun avait sa cellule et son oratoire. Ils s’assemblaient le jour du sabbat dans un oratoire commun, dans lequel ils célébraient leurs quatre grandes fêtes, les hommes d’un côté et les femmes de l’autre, séparés par un petit mur. Leur vie était à la vérité inutile au monde, mais si pure, si édifiante, qu’Eusèbe dans son histoire les a pris avant l’heure, pour des moines chrétiens, attendu qu’en effet plusieurs moines les imitèrent ensuite en Egypte. Ce qui contribua encore à tromper Eusébe, c’est que les retraites des thérapeutes s’appelaient monastères. Les équivoques et les ressemblances de nom ont été la source de mille erreurs. Une méprise encore plus singulière a été de croire les Thérapeutes descendants des anciens disciples de Pythagore, parce qu’ils gardaient la même abstinence, le même silence, la même aversion pour les plaisirs. Enfin, on prétendit que Pythagore ayant voyagé dans la Judée, et s’étant fait Essénien, alla fonder les monastères des Thérapeutes en Egypte, ce qui est bien évidemment une erreur.

Ajoutons qu’il existait également une autre secte, dite secte d’Hérode ou secte des hérodiens. On ne sait pas si elle commença du temps d’Hérode le grand, ou du temps d’Hérode II. Quelle que soit l’époque de cette institution, elle prouve qu’Hérode avait un parti considérable, malgré ses cruautés. Le peuple fut plus frappé de sa magnificence qu’indigné de ses barbaries. Ses grands monuments, et surtout le temple, parlaient aux yeux, et faisaient oublier ses fureurs. Ce nom de grand qu’on lui donna, atteste assez qu’il subjugua l’esprit du public, en étant pourtant abhorré des plus grands et des plus sages. On avait été en paix sous son règne, il avait bâti un temple plus beau que celui de Salomon, et ce temple, selon les Juifs, devait un jour être celui de l’univers. Voilà pourquoi ils l’appelèrent messie et Roi des Juifs. Ainsi, tandis que la plupart des Pharisiens célébraient le jour de sa mort comme un jour de délivrance, les hérodiens fêtaient son avènement au trône comme l’époque de la félicité publique. Cette secte, qui reconnut Hérode pour un bienfaiteur, pour un messie, dura jusqu’à la destruction de Jérusalem en 70 après Jésus-Christ, mais en s’affaiblissant de jour en jour.

Toutefois, que seraient ces sectes dites hébraïques, sans une Loi commune ? Cette ancienne loi, la nouvelle étant comprise dans le Nouveau Testament par les Chrétiens, regroupait les règlements de Moïse, que l’on disait lui avoir été révélés par le Seigneur. 

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TOME II

Genèse des Armées Chrétiennes : Le Ier Siècle Romain

Nous retrouvons dans le Christianisme primitif, bien évidemment, les fonds de croyances teintés de l’austère dualisme qui distinguait le bien et le mal, dans l’Egypte antique. Ce pays sacré, dans lequel le premier des prêtres était Pharaon, voyait ses habitants, toutes castes confondues, l’appeler le Fils de Dieu. Cette distinction faisait apparaître une différence fondamentale qui ordonnait ces castes suivant un principe simple : si Pharaon était Fils de Dieu, le sujet de l’Empire était lui, Fils de l’Homme. Dans l’antiquité, les institutions, autant religieuses que politiques, rythmaient la vie des sujets, autour des purifications et des actes obligatoires que chacun devait suivre. En Egypte, et avant même l’invention du peuple élu hébreu, la circoncision, l’interdiction de frayer avec l’étranger, étaient des prescriptions qui s’intégraient dans tous les rituels. Ceux-ci seront tout naturellement repris, bien plus tard par les premiers Juifs, en la Loi de Moïse.

Les multiples déportations du peuple des royaumes d’Israël et de Juda, notamment celles de 720 et de 587 avant J.C, imposèrent aux légendaires Hébreux devenus apatrides, de s’inventer une légitimité divine. Libérés du joug de l’esclavage par l’Empereur Perse Cyrus II vers 538 avant J.C, ces hommes et ces femmes quittent l’exil imposé, et prennent pour la première fois le nom de peuple juif. Cette liberté retrouvée ne justifie pas pour autant un retour à une totale reconnaissance étatique : la Terre promise n’existe plus en tant que telle. Ainsi, pour justifier la raison de la perte des royaumes d’Israël et de Juda, ce peuple va imaginer non seulement les causes de l’abandon divin, mais également la façon de retrouver sa gloire passée. Le messianisme juif naît de ce besoin d’exister et de justifier la perte de cette Terre promise. Un messie viendra à la fin des temps, et après avoir été oint en justification de sa sainteté, il rassemblera le peuple élu pour qu’il vive une ère de paix et de bonheur.