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Le quatrième Livre de Cornelius Agrippa
Nouvelle traduction de Cornelius Agrippa, le De Occulta Philosophia - Livre quatrième
Livre quatrième du De Occulta Philosophia :
Le Quatrième Livre du De Occulta Philosophia, appartient à ce genre de littérature dangereuse, que l’Eglise n’eut de cesse de combattre, rechercher et détruire. Clôturant les Trois Tomes officiels de l’œuvre principale de Cornelius Agrippa, le De Occulta Philosophia, ce Quatrième opus ne fut pas imprimé du vivant de son auteur, mais bien longtemps après sa mort. Cet ouvrage fut regroupé au dernier Tome, ce qui en fit modifier dans les éditions ultérieures, l’introduction générale, qui ne parla plus de trois, mais bien de quatre parties.
La construction de l’ouvrage, si elle fait référence au contenu des trois autres livres, se différencie par la forme, l’épaisseur et le verbe. Ce Livre apparaît donc plus comme un appendice, un petit Traité, c’est-à-dire une annexe regroupant des recherches qui n’avaient pas pour objet d’être un jour publiées. Il est fort probable, que ce que nous pourrions appeler un Carnet d’Etude de Cornelius Agrippa, fut retrouvé dans ses possessions après sa mort, par un héritier direct ou indirect. C’est ce dernier qui dut proposer à un imprimeur peu scrupuleux des obligations légales, la production et la mise en vente de ce Quatrième Livre, qu’il se chargea d’agrémenter de diverses choses non-conformes à la doctrine d’Agrippa. Quoi qu’il en soit, dès son impression, le Quatrième Opus du De Occulta Philosophia eut ses adeptes et ses adversaires, et son auteur présumé, bien que décédé, une continuation dans une ribambelle de défenseurs et d’accusateurs.
Ce Quatrième ouvrage fut classé dès l’origine, dans la catégorie des livres de Sorcellerie et d’Incantation. Dans ce domaine, ces recueils étaient autrement appelés Grimoires, c’est-à-dire prosaïquement Grammaire, car ces codex avaient pour objet d’enseigner les pratiques, mais également les mots et les Caractères magiques nécessaires à l’Art Interdit. Certains, paraissaient emprunter aux livres scientifiques, entre autres, les Mathématiques et l’Astrologie. D’autres, s’emparaient de rites et de rituels illicites, calqués abusivement sur des traditions qu’avaient officialisées l’Eglise de Rome et de Byzance. Reconnaissons toutefois, que ces Grimoires n’avaient en réalité que peu de fonds communs avec les études prétendues prometteuses et officielles, que présentaient les hommes savants, scientifiques, astrologues ou théologiens, dans leurs multiples Œuvres.
Plusieurs penseurs en ce domaine, dont Cornelius Agrippa, soutenaient que l’Art d’Invocation était une Science comme une autre. Un Art qui n’était pas uniquement observé en vue d’approcher des entités diaboliques qui vivaient en enfer, mais également pour contacter, ou plutôt évoquer, les Anges et les Esprits, les fidèles serviteurs de Dieu l’unique. Car très tôt, sans doute pour séparer la même technique en deux courants contraire, le bon ton fut de dire, Invocation des Démons, mais Evocation des Anges. Cette position ne pouvait que rencontrer avec fracas les foudres de l’Eglise : La Religion se devait de convaincre quiconque qu’elle était la seule voie qui mène à Dieu, et donc à ses Anges.
Il faut comprendre que l’étude de l’Art magique était paradoxalement aussi hasardeuse que les recherches faites dans les autres domaines scientifiques. Se soustraire à la connaissance reconnue, était, en effet, dangereux, même si cette soustraction amenait à faire avancer la discipline. C’est ainsi que les Universités reconnues en Europe, enseignaient aux élèves la Théologie, avant la Médecine ou le Droit. L’évidence était là, un Docteur en Religion savait mieux qu’un autre, faire avancer correctement les Sciences. Notons d’ailleurs que les Sciences en Occident, au contraire de celles que l’Orient développait aux frontières des Royaumes Chrétiens, du moins jusqu’à la disparition des Emirats de Cordoue et de Grenade, posaient comme pivots et piliers fondamentaux, les découvertes des Anciens penseurs comme Hippocrate ou Hérodote. Et il n’était pas aisé de les faire évoluer. Nicolas Copernic au XVIe Siècle et Galilée au XVIIe Siècle, durent reconnaître ce fait, lorsqu’ils proposèrent en leur temps, une théorie de modélisation de l’Univers qui contredisait les dogmes de l’Eglise, en faisant tenir au Soleil une position centrale.
Pour le savant, cette promiscuité entre Science et Religion, pouvait être problématique. C’est sans contexte cette situation qui amena certains penseurs à combattre, non pas les Sciences, mais l’élan qu’elles s’obligeaient à prendre, en raison de la force de dissuasion ecclésiastique. Souvenons-nous de ce que Cornelius Agrippa écrivit dans son ouvrage De incertitudine et vanitate omnium scientiarum et artium, c’est-à-dire De l’incertitude, vanité et abus des sciences :
« Je suis persuadé par autres & differentes raisons, qu’il n’y a de chose plus pernicieuse & dommageable à la vie commune, rien de plus pestilentieux au salut de nos ames, que les arts et sciences. Parquoy j’entens proceder d’une façon toute contraire : Car au lieu de tant magnifier ces sciences, ma deliberation est de les blasmer & de les desprier pour la plupart. Et je dis qu’il ne s’en trouve aucune qui soit nette de tache reprehensible, n’y qui merite de soy mesme louange aucune, sinon en tant qu’elle l’emprunte de la bonté & preud’hommie de celuy qui la possede. »
La condamnation portait moins sur les Sciences que sur le joug qu’elles devaient porter et qui nuisait systématiquement à leur développement rationnel. Combien d’avancées scientifiques, furent assimilées à l’hérésie et à des cultes anciens, prétendus relever de l’étude de certains recueils de Magie ? Pourtant, ces théories ne s’écartaient pas pour autant de certains livres de médecines archaïques reconnues notables par l’Eglise. Malgré cette ressemblance, ces idées étaient condamnées, car elles relevaient trop souvent pour Rome, de la superstition, du blasphème, et de dogmes irréligieux. Les unes s’inspiraient de pensées, les autres de rituels connus ou soumis aux anciens Cultes. Ces écrits transpiraient trop visiblement des pratiques ancestrales et des cérémonies ou pratiques païennes non encore tombées dans l’oubli.
Il était certain que le contenu des recueils de Magie, reprenait bien souvent des écrits relevant des antiques Cultes des Mystères, ou du moins, de ce dont on se souvenait. Choses interdites, ceux qui s’y abandonnaient, savaient pourtant qu’ils se devaient de délaisser ces pratiques pour embrasser officiellement la Religion du Christ. Officieusement, cependant, les adeptes continuaient leurs pratiques et entraient ainsi dans la clandestinité et le Secret, pour mieux continuer leurs œuvres : « Et pourtant elle tourne », nous raconte l’Histoire.
Depuis longtemps, l’Eglise soutenait que le Diable, ennemi de la gloire qui revenait à Dieu, avait introduit pour corrompre le sacrifice de son Fils Jésus-Christ, une quantité de superstitions. La plus grave se présentait sous la forme de la Messe des Sorciers. En effet, les Sorciers et les Magiciens possédaient leurs Messes particulières, qu’ils officiaient pour rendre hommage au Démon et pour assouvir leurs désirs de voir se concrétiser leurs sortilèges et leurs maléfices. Une de ces célébrations était connue pour avoir lieu les mercredis et les vendredis : C’était celle du Sabbat. Au XVIe Siècle, Florimond de Remond, Conseiller au Parlement de Bordeaux, relata les aveux d’une Sorcière qui y participait et qui fut brûlée en 1594. Une jeune femme nommée Jeanne Bosdeau, fut entendue en la chambre criminelle du Parlement de Bordeaux. Elle confessa ce qu’elle avait déjà fait devant le Juge de la Châtellenie de Sallagnac en Limousin, un Tribunal qui l’a condamna à mort. Voici sa confession. En son jeune âge, un Italien l’avait débauchée et amenée sur l’heure de minuit, dans un champ, la veille de la Saint-Jean. Là, il fit avec une verge de houx un grand cercle, marmonnant quelques paroles qu’il lisait dans un livre noir. Alors, survint un bouc, grand et cornu, entièrement noir, qu’accompagnaient deux femmes. Aussitôt, un homme habillé en prêtre apparut. Le bouc ayant demandé à l’Italien qui était la fille qui l’accompagnait, il lui répondit qu’il s’agissait de Jeanne Bosdeau et qu’il lui amenait pour qu’elle devienne sienne. Le bouc lui fit faire le signe de croix de la main gauche, puis commanda à tous ceux présents, de venir le saluer. Ce qu’ils firent, en lui baisant le derrière. Ce bouc avait entre les deux cornes une chandelle noire enflammée. Tous vinrent alors allumer celle qu’ils tenaient dans leurs mains. Cette femme, Jeanne Bosdeau, s’étant retrouvée plusieurs fois au même endroit, se fit demander par le bouc, une poignée de ses cheveux. L’Italien les lui coupa et les lui remit. Tous les mercredis et les vendredis de chaque mois, le Chapitre général se tenait au Puy de Dôme. Jeanne Bosdeau s’y retrouvait avec plus de soixante autres personnes. Chacune d’elles, portait une chandelle noire qui était allumée à partir de celle que le bouc tenait entre ses cornes et qu’il enflammait avec la force de son anus. Après cela, tout le monde dansait en rond, dos à dos. La Messe était également dite, le dos tourné vers l’autel. Celui qui officiait était revêtu d’une chape noire qui ne portait pas de croix. En guise d’hostie, l’officiant élevait et partageait une sorte de navet noir. Tous les participants criaient lors de cette élévation : Maître, aide-nous. De l’eau était mise dans un calice au lieu du vin, et en guise d’eau bénite, c’était l’urine du bouc qui était recueillie dans un trou dans le sol. Celui qui faisait l’office en arrosait les personnes présentes à l’aide d’une asperge noire. Dans cette assemblée, étaient distribués les charges et les métiers en sorcellerie. Chacun devait rendre compte de ce qu’il en avait fait. Ces charges étaient celles d’empoisonner, d’ensorceler, de guérir des maladies avec des charmes, de faire perdre les récoltes et les fruits de la terre et toutes autres formes de méchancetés et de malices. Jeanne Bosdeau confessa tout cela avec une très grande franchise et naïveté. Elle finit dans les flammes.
Si de nombreuses divinités pouvaient recevoir en cérémonie en général, ou au Sabbat en particulier, les louanges que les prêtres païens devenus Sorciers offraient en secret, d’autres Dieux majeurs y étaient également reconnus. Satan, Lucifer, Méphistophélès, n’étaient bien souvent que l’incarnation d’Anubis, d’Hadès, Pluton ou Hécate. Ces Dieux devenus Diables, restaient à l’exemple du Dieu unique des Chrétiens, les divinités qui régnaient en maître aux enfers, sur des myriades de Légions de Démons. C’est plus tard, et sans doute sous l’impulsion de l’Eglise de Rome elle-même, que l’hérésie s’associa aux blasphèmes pour recréer à partir des Mythes, la Religion de l’Ange damné. Cette Religion, si elle était bien réelle, si elle existait et reconnaissait des disciples qui embrassaient son culte, dut accepter des condisciples et des énergumènes imaginaires, qu’inventeront l’Eglise et son inquisition.
Nous savons que les grands Philosophes antiques ont été initiés par les Prêtres d’Egypte aux Mystères de leur Religion. De cette initiation, plusieurs courants de pensées philosophiques sont apparus, mais également, plusieurs croyances qui dérivèrent vers des Cultes particuliers, donnés par certaines fraternités ou groupes d’hommes, ou des Cultes plus généraux, qui furent embrassés par des populations entières. Bien souvent la genèse de la croyance, bien que le culte soit pratiqué, était oubliée, falsifiée volontairement ou effacée involontairement. Nous pourrions penser que cette logique n’existe plus de nos jours, les raisons portant sur les croyances et les cultes rendues étant facilement accessibles. Et pourtant, qui sait encore que la Tauromachie n’est en réalité que la déformation d’un rituel qui clôturait les Célébrations Religieuses attribuées à Minos en Crète ? Qui sait que les Pardons qui se déroulent dans chaque paroisse de Bretagne, sont la résultante des Célébrations que les Légionnaires Romains faisaient à Mithra, un rituel qu’ils amalgamèrent d’ailleurs avec celui des Celtes qui célébraient la Terre sous le nom grec de Gaïa ?
Derrière chaque rituel du passé ou du présent, il y a une raison d’être primitive, que la Religion qui s’est imposée, a gardée, amalgamée et enfin, modifiée pour son compte. Rappelons-nous de Ptolémée, qui pour unir les pratiques religieuses du peuple Egyptien à celles des Grecs, inventa non pas une religion et un culte, ils existaient déjà, mais un Dieu : Sérapis.
« Voilà le grand Sérapis, le Jupiter dieu grand, le Jupiter-Soleil, voilà l’Isis myrionym, tant de fois invoqués dans les inscriptions grecques et latines, depuis les Ptolémées et sous les Romains, en Egypte et ailleurs. Quelques subtiles et frappantes distinctions que le génie à la fois poétique et métaphysique des prêtres égyptiens eût créées entre les êtres aussi nombreux que divers dont se composait leur théologie symbolique, où l’unité se trouvait au plus haut point dans la variété et la variété dans l’unité, toutes ces barrières allaient tombant chaque jour devant l’esprit nouveau qui s’était emparé du monde. Cet esprit, en religion comme en politique, tendait de plus en plus à remplacer l’unité idéale et plus ou moins abstraite des siècles antérieurs, par une autre unité positive et réelle. Il envahit l’Egypte à la suite des Grecs, et son centre devint Alexandrie, comme plus tard, il fut Rome. En Egypte, le couple sacré d’Osiris et d’Isis, de tout temps objet principal et uniforme des adorations populaires, s’était assimilé peu à peu les dieux supérieurs des deux sexes. Le nom de Sérapis, avec les Ptolémées, ayant commencé à prévaloir sur celui d’Osiris, et le Sérapis d’Alexandrie étant devenu à son tour un « dieu commun à tous », comme s’exprime Plutarque, ce dieu antique et récent tout ensemble, ce dieu qui était pour les Grecs Jupiter et Pluton à la fois, sans cesser d’être Osiris pour les Egyptiens, n’en fut que plus propre à représenter en soi l’unité suprême. Pour compléter en quelque sorte la vieille triade grecque, autant que pour satisfaire aux besoins des nouveaux maîtres du pays, avec l’empire de la terre et du ciel il reçut encore celui de la mer, et par conséquent les attributions de Neptune, qui, d’un autre côté, contribuèrent à l’identifier toujours davantage avec Amon-Kneph, roi des dieux, seigneur des eaux et protecteur de la navigation en Egypte. Isis, partageant avec lui ce nouvel empire, prit alors l’épithète de Pharia, du nom de l’île ou de la tour de Pharos, vers laquelle on la voit s’avancer la voile et le sistre à la main. »
Quoi que furent les Maîtres de l’Egypte, de la Grande lignée des Pharaons à celle des Ptolémées, un Rituel resta immuable : Celui que contenait le Livre des Morts. A chaque tombeau ouvert et bien souvent pillé, la momie principale était accompagnée des hiéroglyphes utiles à son passage dans l’au-delà. Ces écrits étaient couchés non seulement dans la pierre, mais également sur des rouleaux de papyrus. La difficulté que représentaient et représentent encore les Textes des pyramides et des sépulcres, porte sur leur déchiffrement. Le traducteur doit lutter contre l’obscurité d’un style chargé d’allusions et de figures rendu mystérieuses volontairement. Comme tout texte saint, l’ésotérisme se cache sous l’exotérisme. Les symboles et les allégories ne peuvent être percés et compris que dans le cadre d’une étude. En l’occurrence, celle-ci nécessite la connaissance de la Religion primitive et des raisons d’être d’une œuvre consacrée à un défunt qui doit se présenter seul devant ses juges.
Ce Rituel, plus ou moins détaillé suivant la qualité du défunt, forma bientôt la base des études sur la Religion des Anciens Egyptiens, et une source abondante de par les traductions, pour asseoir la possibilité de communiquer avec les Mânes en général et les défunts en particulier. Un exemplaire de ce Rituel ou Livre des Morts, nom donné par Champollion, est conservé à Turin. Il a été divisé en 165 Chapitres afin de permettre une étude méthodique de son contenu. Le Titre générique est le suivant : Formules que l’on doit réciter au nom du défunt en vue de sa résurrection. Intéressons-nous au Chapitres XVII et décryptons-en le Rituel :
« Portes de l’évocation des mânes. Que le défunt sorte, qu’il arrive dans Ker-neter et fasse partie de la suite d’Osiris, qu’il soit nourri des mets d’Ounnoucre (l’Etre bon) le justifié. Qu’il apparaisse au jour et prenne toutes les formes qu’il lui plaît. Que l’âme vivante d’Osiris (Nom du défunt) le justifie et le dévot aux grands dieux de l’Amenti (la demeure des âmes divinisées), est admise dans la demeure de la Sagesse après son arrivée…
Avant toute résurrection, il faut bien évidemment connaître la vie. Etrange évidence qui pourtant porte en elle une vérité qu’il ne faut pas négliger pour les Anciens Egyptiens. La porte des Mânes s’ouvre, et se sont les âmes qui s’en échappent. Ounnoucre justifie cette vérité. L’âme mauvaise n’a plus sa place et ne réapparaît pas dans le monde des hommes. Seule l’âme bonne peut s’enorgueillir de quitter l’Amenti pour paraître dans la Demeure de la Sagesse : le corps de la femme enceinte.
Verset 1 : L’Osiris (nom du défunt) dit : Je suis Atoum (le Soleil lorsqu’il est caché) celui qui a fait le ciel, qui a créé tous les êtres ; qui est apparu dans l’abîme céleste. Je suis Ra à son lever dans le commencement, qui gouverne ce qu’il a fait. Comprendre : Ra (le soleil), à son lever dans le commencement, celui qui gouverne ce qu’il a fait, c’est le commencement où Ra est apparu, dans la Demeure royale de l’enfant, comme un être non engendré. Schou (dieu symbolisé par la lumière) a soulevé l’abîme céleste, étant sur l’escalier qui est dans Sésoun (les voûtes du ciel). Il a écrasé les fils de la défection sur l’escalier qui est dans Sésoun.
Les fils de la défection, sont les âmes mauvaises qui ne reverront pas le jour. La lumière vient de la naissance. Osiris à travers Atoum, le soleil caché, arrive par la naissance, en sortant de la Demeure de la Sagesse, à devenir Ra, le soleil qui se lève. Il entre dans la Demeure royale de l’enfant : l’enfant naît et sort de l’obscurité, il pleure à la lumière de la vie. Il n’est engendré que de corps, mais son âme est née de Shou, la lumière de la création. Son âme est prête, mais ne possède pas encore de corps.
Verset 2 : Je suis le grand dieu qui s’engendre lui-même, je suis l’eau ; je suis l’abyssus, père des dieux. Comprendre : Le grand dieu qui s’engendre lui-même, c’est Ra, c’est l’abyssus, père des dieux.
L’âme de l’enfant est issue de Dieu, lui-même issu de l’eau, l’Océan primordial, l’abyssus.
Verset 3 : Autrement, c’est Ra qui crée son nom de seigneur de la société des dieux. Comprendre : C’est Ra qui crée ses membres, ils deviennent les dieux associés à Ra.
Le corps se développe et reçoit sa finalité, ses membres. Le corps ne possède pas encore son âme, mais elle l’attend et l’observe.
Verset 4 : Je suis celui (qu’on n’arrête pas) parmi les dieux. Comprendre : C’est Atoum (le soleil caché) dans son disque ; autrement, c’est Ra (le soleil lumineux) dans son disque, lorsqu’il luit à l’horizon oriental du ciel.
L’âme se fait connaître au corps. Elle le réchauffe en s’en approchant.
Verset 5 : Je suis hier et je connais le matin (demain). Comprendre : Hier c’est Osiris ; le matin, c’est Ra, dans ce jour où il a écrasé les ennemis du seigneur universel, et où il a donné le gouvernement et le droit à son fils Horus. C’est-à-dire le jour où nous célébrons la rencontre du cercueil d’Osiris par son père Ra.
Le corps connaît enfin son sexe, l’obscurité du jour d’avant s’efface devant la lumière de l’avenir prédestiné. Le corps vivra et ne connaîtra pas la mort avant d’avoir reçu son âme. Horus n’aura pas à venger son père. Osiris est l’âme, Ra est l’énergie qui permettra à Osiris de retrouver son corps, son cercueil qui le portera le temps de sa vie.
Verset 6 : Il a livré un grand combat avec les dieux, sur l’ordre d’Osiris, seigneur de la montagne d’Amenti (la demeure des âmes divinisées). Comprendre : l’Amenti, c’est le lieu où sont les âmes divinisées, sur l’ordre d’Osiris, seigneur de la montagne d’Amenti. Autrement, l’Amenti est la fin marquée par le dieu Ra ; quand chaque dieu y arrive, il y soutient un combat.
L’âme est sortie de l’Amenti après avoir combattu. Elle a prouvé qu’elle était digne de la résurrection.
Verset 7 : Je connais le grand dieu qui réside dans l’Amenti. Comprendre : C’est Osiris. Autrement, l’adoration de Ra est son nom ; l’âme de Ra est son nom, c’est celui qui jouit en lui-même.
Le corps retrouve son âme et il la reconnaît.
Verset 8 : Je suis ce grand Vennou (l’oiseau qui symbolise Osiris lorsqu’il demeure dans An) qui apparaît dans An (Héliopolis) ; je suis la loi de l’existence et des êtres. Comprendre : Le Vennou, c’est Osiris dans An. La loi de l’existence et des êtres, c’est le corps. Autrement, c’est toujours et l’éternité : toujours, c’est le jour ; l’éternité, c’est la nuit.
L’âme rencontre le corps dans An. Le corps se sait mortel, l’âme se sait immortelle. Le corps, c’est Toujours, l’âme, c’est Eternité.
Verset 9 : Je suis Men (Horus vengeur de son père Osiris assassiné) dans ses manifestations, celui à qui l’on met deux plumes sur la tête. Comprendre : Men, c’est Horus vengeur de son père Osiris ; sa manifestation, c’est sa naissance. Le diadème de deux plumes qui est sur sa tête, c’est Isis et Nephthys qui viennent se placer sur lui, comme ses deux sœurs jumelles ; c’est pourquoi on le met sur sa tête. Autrement, ce sont les deux grandes vipères qui sont devant la face du père Atoum. Autrement, ce sont ses deux yeux, les deux plumes de sa tête.
L’âme entre dans le corps, la justice d’Atoum est rendue. Les deux plumes sont la double justice, c’est Isis et Nephthys, les plumes du corps et celle de l’âme. Le corps vit, l’âme est bonne, l’alliance est la résurrection.
Verset 10 : Je suis du monde, je viens dans mon pays. Comprendre : C’est la montagne de l’horizon de son père Atoum.
L’enfant retourne au monde par la naissance, car son corps a retrouvé son âme.
Verset 11 : Il efface les péchés, il détruit les souillures. Comprendre : C’est le retranchement de la honte de l’Osiris (Nom du défunt).
La résurrection d’Osiris ne peut être réalisée qu’après la destruction des péchés.
Verset 12 : Il enlève toutes les tâches qui lui resteraient. Comprendre : L’Osiris (Nom du défunt) a été purifié au jour de sa naissance.
Osiris, purifié de ses péchés, peut renaître.
Verset 13 : Dans le grand étang de la royale demeure de l’enfant ; le jour des offrandes des hommes pieux au grand dieu qui y réside. Comprendre : Celui qui dispose les multitudes est l’un de ses noms, le Grand-Lac est l’autre nom. C’est le bassin de Natron et le bassin de Maa. Autrement, celui qui engendre des multitudes est l’un de ses noms ; le Grand-Lac est son autre nom. Le grand dieu qui y réside, c’est Ra lui-même.
La résurrection est accomplie, la naissance fait passer, presque comme un baptême, du vase sacré de la création au monde réel.
Verset 14 : Je marche dans sa route, je sais que ma tête est dans le bassin de la double justice. Comprendre : Ro-sta est la porte au midi d’An-aareuc (la demeure funeste des enfers), la porte au nord d’Aa-osiri (la demeure des âmes justes). Le bassin de la double justice est à Abydos.
La résurrection faite, ne demeure pas éternelle, si l’homme ne suit pas la double justice qui est liée à l’âme, mais également au corps.
Verset 15 : Autrement, c’est le chemin que prend le père Atoum, quand il passe vers le champ d’Aanrou. En approchant de l’horizon, il entre dans la porte de Ser. Comprendre : Le champ d’Aanrou est celui qui produit les moissons divines. La porte Ser est celle où le dieu Schou soulève le ciel. La porte du nord, est une porte du Tiau (une des sphères célestes dans laquelle voguent les âmes justifiées). Autrement, c’est la porte où passe le père Atoum pour arriver à l’horizon oriental du ciel.
La vie suit la course du Soleil, le Dieu Ra sorti des ténèbres. Elle naît, se développe et meurt. Ce sont les trois portes obligatoires de l’existence.
Verset 16 : Vous qui êtes en présence (du dieu), tendez vers moi vos bras, car je deviens l’un des vôtres. Comprendre : C’est le sang qui est sorti du membre du dieu Ra lorsqu’il a voulu se couper lui-même. Il s’en est formé des dieux ; ce sont ceux qui sont en présence de Ra, c’est Hou (la sensation), c’est Sau (l’intelligence) ; ils sont avec leur père Toum chaque jour.
L’âme créée, utilise le corps pour ressentir et penser. L’âme et le corps sont inséparables, tant que Dieu leur apporte le soutien mérité. Cette union est céleste et participe à la formation d’un semblable divin : l’Homme fait à l’image de Dieu.
Verset 17 : L’Osiris (nom du défunt) accomplit l’outa (l’œil d’Horus symbole du soleil et de la lune, de l’équinoxe, du solstice : ici, c’est l’heure de la mort et de la résurrection), lorsqu’elle se montre au jour du combat des deux Rehouh (les deux adversaires, le combat du bien contre le mal, symboliquement le combat d’Horus contre Set). Comprendre : C’est le jour du combat d’Horus contre Set. Set lança ses ordures à la face d’Horus ; Horus saisit les testicules de Set. Thot en fit autant de ses propres doigts.
L’homme doit combattre sa double nature, celle de l’âme qui est bonne, c’est Horus, et celle du corps qui est mauvaise, c’est Set. L’unité de ses deux natures correspond à la procréation qui établit l’homme comme un Dieu qui crée.
Verset 18 : L’Osiris porte ses schen (les cheveux qui symbolisent la vie) dans l’outa à l’heure des tempêtes. Comprendre : C’est l’œil gauche de Ra dans ses fureurs contre lui. Lorsqu’il les a lancées, Thot soulève sa chevelure et la ramène en une vie paisible et douce dont le possesseur ne peut être affaibli. Autrement dit, s’il arrive que son œil souffre et qu’il pleure, c’est Thot qui le guérit.
Le pardon par la reconnaissance du son péché, donne la miséricorde. L’intelligence, Thot, n’empêche pas les fautes.
Verset 19 : L’Osiris (nom du défunt) voit ce soleil, né hier sur la cuisse de la vache Mehour (l’outa ou œil du soleil) ; l’outa de l’Osiris est son outa et réciproquement. Comprendre : C’est l’eau de l’Abyssus céleste. Autrement dit, c’est l’image de l’œil du soleil au matin de chaque jour où il opère sa naissance. Mehour, c’est l’outa du soleil.
La vie de l’homme l’oblige à naître perpétuellement dans le regard de Dieu. Tous les jours de sa vie, il est jugé.
Verset 20 : Or je suis un des dieux, qui accompagnent Horus et qui parlent suivant la volonté de leur seigneur. Comprendre : Ce sont Amset, Hapi, Tiaumuteuc, Kevahsenuic (c’est-à-dire les génies qui veillent sur les quatre vases canopes).
Le poids du péché est réparti à l’intérieur du corps, dans le foie, l’estomac, les poumons et les intestins. Les vases canopes, recueillent ces viscères après la mort. Ils justifieront des péchés.
Verset 21 : Salut à vous, seigneurs du pays de la double justice (Thoth et Astes qui est le seigneur d’Amenti) ; princes qui êtes derrière Osiris (Amset, Hapi, Tiaumuteuc, Kevahsenuic) et vous qui enlevez les péchés, qui accompagnez Hotepeschous (l’œil du soleil qui accompagne Osiris dans le feu purificateur). Accordez-moi, quand j’arrive près de vous, la destruction des souillures que je conserve, ainsi que vous l’avez fait pour les sept esprits qui suivent leur seigneur, le dieu Sapi. C’est Anubis qui a fixé leur place, dans ce jour de « viens à nous » (le jour où Osiris a dit au Soleil, viens). Comprendre : Les dieux, seigneurs du pays de la double justice, sont Thoth avec Astes, seigneur d’Amenti. Les princes derrière Osiris sont Amset, Hapi, Tiaumuteuc, Kevahsenuic. Ce sont eux qui sont derrière la constellation de la Cuisse du Ciel (la Grande Ourse) du nord. Ceux qui enlèvent les péchés, auprès de Hotepeschous (la flamme vengeresse), ce sont les crocodiles dans les eaux. Hotepeschous, c’est cet œil du soleil ; autrement dit, c’est la flamme qui accompagne Osiris pour brûler les âmes de ses ennemis. Toutes les souillures que je conserve, c’est tout ce qu’il a fait devant les seigneurs des siècles, depuis qu’il est sorti du ventre de sa mère. Les sept esprits, ce sont Amset, Hapi, Tiaumuteuc, Kevahsenuic, Mia teweuc, Kerbakew, Horwent an. Anubis les a placés comme sauveurs sur le cercueil d’Osiris ou sur les flancs de la demeure sainte d’Osiris. Autrement dit : Les sept esprits sont : Netnet, Atat le taureau qui ne reçoit pas le feu et qui habite dans sa flamme, celui qui arrive à son heure, le dieu aux yeux rouges, habitant Ha-anes, celui qui a le visage en feu et qui vient à reculons, celui qui voit dans la nuit et qui amène au jour. Ce sont les chefs d’Aurutew (la région où rien ne germe) la grande, de son père Osiris.
Les péchés seront soit effacés, ou confirmés par les juges. La condamnation de l’âme conduira aux feux de la purification. La résurrection sera offerte à celui qui verra ses souillures détruites.
Verset 22 : Je suis une âme en ses deux jumeaux. Comprendre : Osiris entre dans Tatou, il y trouve l’âme de Ra ; alors ils s’unissent l’un à l’autre et ils deviennent son âme, ses jumeaux. C’est Horus vengeur de son père et Hor-went-an. Autrement dit : l’âme en ses deux jumeaux, c’est l’âme de Ra avec l’âme d’Osiris, c’est l’âme de Schou avec l’âme de Tewnou (déesse à tête de lionne et compagne de Schou) ; ce sont les âmes qui résident dans Tatou.
L’âme sauvée, l’Osiris, retournera à son père, le Grand-Tout, celui qui est dans le Soleil.
Verset 23 : Je suis ce grand chat qui avançait vers Perséa dans An (Héliopolis), dans la nuit du grand combat ; celui qui a gardé les impies dans le jour où les ennemis du seigneur universel ont été écrasés. Comprendre : Le grand chat du Perséa dans An, c’est Ra lui-même. On l’a nommé chat en paroles allégoriques ; c’est d’après ce qu’il a fait qu’on lui a donné le nom de chat… Celui qui est à Perséa dans An, c’est celui qui rend justice aux fils de la défection pour ce qu’ils ont fait. La nuit du combat, c’est quand ils sont arrivés à l’orient du ciel ; il y eut alors un combat dans le ciel et dans le monde entier.
L’âme doit combattre pour mériter sa place auprès de Ra. Les ennemis la combattent pour justifier de sa valeur. Etc.
Le Livre des Morts des Anciens Egyptiens n’est bien évidemment pas un Grimoire de Magie ou de Sorcellerie. C’est un Rituel des plus sérieux, qui donne les clefs de la Résurrection pour les Anciens Egyptiens. Cependant, de cette idée de Résurrection à celle de la Nécromancie, il n’y a hélas qu’un pas. C’est ainsi que nous retrouvons des relations, parfois étroites, avec certains rituels de Magie Noire. Indubitablement, ces rapports sont faussés et prouvent dans ce cadre, une méconnaissance incroyable de la culture et de la religion des Anciens Egyptiens. C’est ainsi que certains Cercles, d’hier et d’aujourd’hui, ont prétendu et prétendent encore étudier et suivre dans leurs Rituels, une philosophie semblable à celle des Anciens Cultes Egyptiens. Plusieurs branches de la Franc-maçonnerie, sous-entendent remonter leur origine à l’Egypte Ancienne, comme elles le font avec Hiram, l’architecte biblique du Roi Salomon. La pratique des Rituels en découlant, ainsi que la face cachée et occulte que ses Sociétés préservent, jouèrent et jouent encore à les montrer du doigt. C’est une des raisons pour lesquelles l’Eglise Catholique rejeta rapidement ces Cercles qui utilisaient de façon philosophique et spirituelle, les Rituels Egyptiens, participant malgré eux, à cette illusion chrétienne de Cérémonies tirées de Grimoires de Magie Noire. C’est ainsi que la Franc-maçonnerie fut condamné par une Bulle de Clément XII...