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Introduction De Praestigiis Daemonum
Introduction au premier livre du De Praestigiis Daemonum de Jean Wier
L’ouvrage de Jean Wier, le De Praestigiis Daemonum, a déjà été traduit précédemment. Nous en connaissons plusieurs versions, dont la plus célèbre est sans contexte celle du Médecin Jacques Grévin. Pourquoi alors, refaire une traduction de cet ouvrage célèbre ? La réponse la plus pertinente reste celle de l’impossibilité de se procurer un ouvrage original, rare et hors de prix. Mais, cette raison est loin d’en être la seule. Ainsi, avant de couvrir dans cet Avant-Propos, l’objectif principal et les conditions nécessaires à appréhender la lecture de cette traduction, précisons les deux raisons qui ont amené l’entame de ce travail.
Les études m’ont apporté une certaine connaissance du monde médical et des théories sur les maladies diverses. Cette connaissance, qui n’était ni plus ni moins qu’une notion peu approfondie, se basait sur des expériences théoriques et des histoires vécues et racontées par d’autres. Mon cursus en effet, m’avait amené à effleurer par exemple, des points de vus Psychologiques et Psychanalytiques, qui reprenaient mot pour maux, les grandes doctrines d’un Freud ou d’un Lacan, sans jamais vraiment s’en détacher. D’un autre côté, mon domaine de recherches touchant l’Histoire Moderne, Contemporaine et la Philosophie, je reconnais qu’humblement, les théories pathologiques restaient une discipline non prioritaire, bien que suivie avec curiosité. Je préférais sans nuance possible, travailler sur Platon, Spinoza, Nietzche pour leurs idées philosophiques, ou sur Hérodote, Michelet, Thiers pour leur domaine historique réciproque. Mon ouverture d’esprit me permettait d’unir avec régal, Socrate à Levy Strauss et Marx à Céline. Bref, je me régalais de ce que l’on appelle les Lettres et les Sciences Humaines. A cela, mon goût prononcé pour les Pensées et l’Histoire des Civilisations, ne pouvait que rencontrer avec fracas, les Saintes Ecritures qui fondent les bases des trois principales religions Monothéistes, mais également le fondement de notre société. Devant tant d’informations, de Mythes, de Mystères, de Croyances et de foi, approfondir mes connaissances sur le monde médical, ne s’imposait pas. Cette logique se comprenait, car personnellement, n’ayant nullement été confronté directement à une maladie ou un mal mental quelconque qui aurait pu me toucher ou frapper un de mes proches, je regardais avec un intérêt éloigné, les névroses et autres pathologies mentales ou physiques. Dans le domaine Psychiatrique, je restais fixé sur les grandes doctrines générales du Conscient et Inconscient, du Moi et Sur-moi, du Thanatos, de l’Eros, d’Œdipe ou de Narcisse, car ils rythmaient les épopées antiques d’Homère, d’Aristote et de Plutarque. Mais, je ne cherchais pas encore à les approfondir et à en assimiler les subtilités. Un jour cependant, je fus confronté à une réalité bien différente des théories que l’on rencontre dans les livres ou à l’Université. Et cette réalité, m’obligea à essayer de comprendre autrement.
J’avais rencontré une personne qui dès les premiers abords, me fit découvrir qui elle était. Instruite, elle avait vécue des expériences riches et parfois douloureuses (qui n’en a pas ?) ; elle maîtrisait certains Arts, qui lui permettaient de développer une sensibilité incroyable et touchante (à moins que ce ne fut l’inverse) ; elle était ouverte sur le monde, sur les autres, sur elle-même ; elle paraissait sociable et adorer la vie. Rien, n’aurait pu me faire douter, du complet contrôle que cette personne semblait de toute évidence, avoir sur elle-même. Hélas, je me trompais et découvris, qu’elle était sujette à des troubles importants de la personnalité. Elle ne s’en cacha pas cependant, et je dois avouer que c’est elle qui m’expliqua son problème assez rapidement et avec un réalisme sans retenue. Elle m’informa en effet de sa maladie dès le début de nos sérieux échanges. Toutefois, je ne compris pas tout de suite, malgré une écoute active, le degré de progression de son mal, ni sa cruelle mainmise. Cette personne semblait si normale, que sans douter pour autant de l’importance des troubles, ceux-ci restaient incroyablement invisibles et discrets. Et pourtant, elle subissait bien les ravages d’une pathologie psychiatrique, que les médecins et autres Psychologues et Psychanalystes nomment pompeusement. Moi, je garderais son vrai nom, celui des origines : l’Hystérie.
Car l’Hystérie, est une maladie, une névrose psychiatrique, s’apparentant pour ceux qui n’y connaissent rien, à celle du malade imaginaire, et pour ceux qui n’ont pas lu les bons livres, à la possession démoniaque. Ce n’était pas mon cas, car loin d’associer à l’Hystérie le drame de l’hypocondriaque, je n’assimilais pas non plus cette maladie à une farce cruelle du Diable.
Je reconnais n’avoir pas su comprendre de suite, l’importance gravissime des effets sur le mental et le corps des pauvres sujets qui subissent ces troubles. Les symptômes, les douleurs et les souffrances physiques et morales, avaient forcément une explication. Et pour aider cette personne, de l’étude de cette maladie, j’en suis arrivé à en chercher à comprendre son histoire. Je connaissais bien évidemment les Œuvres du Médecin Jean Wier : Que de ressemblances en effet, entre ce que je voyais aux travers des souffrances de cette personne et certains de ses écrits. Erreur d’assimilation ? Pas si certain : « Le Diable peut par ce moyen, retirer cruellement et contre tout ordre de la nature, les nerfs et les muscles, et souvent donner une telle passion au corps qu'il demeure tellement droit et piqué, que le cou et le reste du corps reste immobile, et ne peut fléchir ni deçà ni delà, restant également tendu de tous côtés. Le Diable fait encore quelquefois tellement retirer en devant ces parties du corps, que la tête, le cou, et le reste se raccourcissent, alors que les veines goselières, qui sont autour du cou demeurent tendues à merveilles. Quelquefois il les renverse si étrangement en arrière, que la tête est cruellement retirée presque du tout sur les épaules, et le dos et les cuisses retirées en hauteur. II fait aussi paraitre les membres du corps de façons différentes et inégales, par d’étranges sortes de convulsions et d’horribles étirements de nerfs. Il rend incontrôlable à quelques-uns tout le corps, si bien que les jointures semblent rompues et démises, par la géhenne ou autres tourments. Le Diable fait paraître les muscles tremblants, et tressaillants. Il rend la bouche et les yeux vides et renversés. »
Parce que les praticiens ne trouvaient pas de remède à l’Hystérie, je devais donc réétudier sérieusement Jean Wier, lui-même médecin, qui avant la grande époque de Freud, osait supposer ce que l’on n’appelait pas encore, les troubles mentaux. Je me trouvais donc, dans la même posture que Jean Wier, lorsqu’il découvrait avec horreur, la jeune Henriette et ses tortures, au château de Caldenbroc en Gueldre.
Je me lançais alors, dans une tentative de compréhension approfondie des nombreux ouvrages anciens parlant de ce sujet. Le De Praestigiis Daemonum en faisait naturellement parti. Je ne voulais pas cependant, travailler sur une traduction ancienne ou moderne. Je voulais les vrais mots du médecin. Je commençais mon propre travail de translation du latin au français. Mais, ce travail arrivait sans doute trop tard. La maladie de la personne qui m’y avait amené, avait pris le pas sur elle-même. Ce n’était alors plus elle qui décidait. Elle ne se battait plus. Elle écoutait cette maladie monstrueuse et la laissait parler avec trop de facilité. Trop tard, sans doute... Mais de vous à moi, là où le Psychiatre ne peut rien, qu’aurais-je pu faire ?
Sans remettre en cause la compétence des Médecins d’aujourd’hui, je restais toutefois surpris de constater que toutes les suppositions qu’imposaient cette forme de maladie, n’étaient pas prises en compte. Et ce fait, n’était pas sans me rappeler une tendance dangereuse qu’ont les hommes et les femmes instruites : celle du Comparationnisme. Alors que j’écoutais la radio, cette tendance qui se généralise, me conforta sur mon envie de traduire l’ouvrage de Jean Wier, et mieux, de l’éditer. Une grande radio nationale française, présentait une émission portant sur la Grèce antique. La journaliste y interviewait une érudite, qui avait écrit un pseudo livre sur Ulysse et ses relations avec les femmes. La personne était lettrée, instruite et connaissait visiblement le domaine antique lié à la période d’Homère. Cependant, malgré ses capacités à réciter des vers poétiques et à chanter bien justement des Odes d’époque, elle manquait de retrait quant à la période contée. Ainsi, je fus misérablement troublé, pour ne pas dire choqué, par une phrase que je vous cite sans complaisance : Ulysse est un connard !
Que dire sur cette remarque déplaisante et si ridicule, que cette femme avait lancée sur les ondes d’une chaine de radio publique à grande écoute ? Sans doute peu de choses, hormis qu’Ulysse, personnage illustre vieux de près de 2800 ans, serait encore connut dans 2000 ans (si l’homme existe encore sur terre), alors que j’avais déjà oublié au bout de cinq minutes, le nom de cette pseudo lettrée. Il était clair, que l’éducation actuelle, les moyens que nous formatait la société pour comprendre les écrits, les Epîtres, les connaissances de nos anciens, passaient ignominieusement aux travers d’un prisme ridicule, qui abâtardissait les symboles, les Mystères, les images, bref, les messages de la vraie Histoire des civilisations. Dans un monde qui renie et qui passe pour stupides, voir exécrables, la morale, les concepts, la religion, la famille, l’éthique elle-même, je n’aurais pu espérer mieux d’une personne qui avait appris non seulement du système, mais qui croyait également en lui, sans retenu : diplôme oblige !
Ma réflexion ne s’arrêta cependant pas là. Car j’aurais pu, comme la majorité des auditeurs qui avait écouté cette émission de radio, me sentir happé par ce pseudo message, d’une femme certainement frustrée, qui amalgamait un homme, que dis-je, un mythe, aux pauvres gars qu’elle avait dû croiser dans des bars ou des soirées dansantes.
Car Ulysse, ce n’est pas juste un homme, et surtout pas un homme du XXIe siècle ! Tout comme Pénélope n’est pas une simple femme et encore moins, une femme du XXIe siècle ! C’est autre chose, bien plus grand et sublime ! C’est une culture, une époque, une histoire grandiose qui au travers d’une multitude de récits curieux et fantastiques, nous fait passer du stade du novice, à celui de maître penseur. Les cyclopes ont-ils existé ? Les harpies sont-elles toujours gardiennes de certains secrets ? La ville de Troie est-elle tombée comme Homère nous le dit ? Pénélope a-t-elle attendu son mari, face à sa tapisserie ? Télémaque a-t-il grandit en regardant avec haine, les prétendants au trône ? Peu importe ! Ce n’est pas de cela qu’il est question. Ce n’est pas de cette forme d’interrogation qu’Homère et tous les autres, nous racontent l’Histoire. C’est beaucoup plus profond et tellement plus efficace qu’un livre porteur d’idées si révolutionnaires, que personne, hormis les soient disant érudits se gargarisent. L’Iliade et l’Odyssée, tout comme le De Praestigiis Daemonum, font partie de ce genre de littérature, ouverte à tous, petits comme grands, qui permet à chacun, certes, une certaine aventure dans les mots, mais surtout une interrogation sur le monde, sur l’autre et sur nous-même.
Oublier cette ouverture, c’est réduire tous les ouvrages de tous les temps, à cette horrible tentation humaine, qui traduit le passé avec les yeux du présent. Qui sommes-nous pour juger un mythe si ancien ? Car si une simple personne, malgré sa reconnaissance visée par ses diplômes, peut juger Ulysse avec ses mots qui disent : Ulysse est un connard ! Elle peut alors juger tous les héros, et par là-même, tous les écrits avec la même formule ! Même les Saintes Ecritures... sans même les avoir lues ! Ulysse, ne vit pas à Paris ou à Londres, et Jean Wier est mort il y a 426 ans. Souvenons-nous en, avant de les juger.
Pour ces raisons, j’ai souhaité traduire une nouvelle fois, ou plutôt de façon plus moderne, l’ouvrage principal de Jean Wier. Vous ne trouverez dans ces pages, aucune allusion à ma pensée. J’estime que tout lecteur est assez grand pour comprendre, s’il s’en donne les moyens, guidé aux travers des annotations que je fournis, mais également aux travers de ses connaissances, de ses recherches personnelles et de ses intuitions, non pas la vérité (qui sommes-nous pour la réclamer ?), mais une part de cette vérité. Cette part, qui nous permet d’avancer, de comprendre sans juger et qui n’est autre qu’un atome de la connaissance d’une époque, d’un monde, d’un système humain.
Ouvrir les yeux, n’est pas toucher la vérité. Mais rester humble devant l’Histoire et devant les hommes, petits ou grands, devant leurs erreurs et leurs découvertes, ouvre des fenêtres. C’est cette petite lucarne que j’ai cherché à percer, afin de vous apporter une fine couche de lumière. A vous, non pas de juger l’œuvre ou l’homme, et je parle de Jean Wier, mais d’approfondir ce que vous lirez dans ces pages, vieilles de près de cinq cent ans.
Mais avant de commencer la lecture, mettons nous en condition. Job, que nous avons choisi pour illustrer cet avant-propos, nous y aidera. Car, peut-il y avoir meilleure illustration du De Praestigiis Daemonum, que ce Job, œuvre pourtant du XIXe siècle de l’artiste Léon Bonnat ?
Job ! Celui dont le Livre de l’Ancien Testament et qui porte son Nom, en parle ainsi : « Il y avoit un homme en la terre de Hus nommé Iob. Et ceft homme-cy eftoit fimple & droict, & craignant Dieu, & fe retirant du mal ». Cet homme était reconnu comme le plus « grand entre tous les orientaux », de par sa fortune, ses biens, ses terres, ses animaux et ses serviteurs ; de par sa grande famille, ses fils et ses filles ; de par son inaliénable dévotion en Dieu. Il devint pourtant, le plus terrible et ignoble « terrain de jeu » de Satan. Et, malgré la perte de cette place de plus grand entre tous les hommes, la perte de ses biens, la morts de son bétail, le massacre de ses enfants, la maladie, il ne renoncera pas à Dieu qui laissera pourtant Satan ruiner sa vie terrestre. Il aurait pu écouter sa femme, qui lui disait « Maudi Dieu, & puis meurs ». Mais il est resté « fimple & droict, craignant Dieu, & fe retirant du mal », jusqu’à ce que Dieu lui accorde la plus belle et la plus méritée des récompenses.
Les Jeux de Satan, sont la base même de l’ouvrage dont vous tenez actuellement la traduction dans les mains. Certes, aux œuvres du Diable, il faudrait accommoder les nuances humaines et contradictoires qui fleurissent ça et là, par la volonté de Jean Wier. Ce regard du passé, qui aujourd’hui ne semble plus être d’actualité, pourra en faire sourire quelques-uns. D’autres encore, ricaneront franchement. Cependant, qui n’a pas l’expérience de l’inexplicable ? Les progrès de la médecine, de la science et des techniques, réduisent comme peau de chagrin, les phénomènes que nous appelons aujourd’hui, « paranormaux ». Et pourtant, il n’y a pas un diocèse en France, qui ne possède son prêtre exorciste.
S’il est certain, que nous sommes loin de cette période obscure, voire, d’âge sombre, période propre à Jean Wier, qui passait sans doute trop souvent les choses étranges pour des actions du Diable, nous avons peut-être tors, de ne plus accorder au Diable, la place qui est la sienne. La bête ténébreuse, aux cornes velues et aux pieds fourchus, n’est plus condamnée lorsqu’il se produit un tremblement de terre, un raz de marée, une famine ou une épidémie endémique ou ponctuelle. Il est certainement plus facile et parfois plus juste, d’y voir l’action de l’homme, de ses marchés financiers, de sa pollution et de ses guerres. Cela, c’est pour la réponse de la Nature aux exactions et agressions des hommes. Quand est-il cependant, des troubles et maux propres à l’homme, c’est-à-dire purement conscients, mentaux ou psychologiques ? Là, les recherches en psychanalyse, ont exhumé en inhumant l’idée même d’âme, des symboles, des mythes et des processus internes à la pensée, qui loin d’être prouvés, apportent au moins des réponses quant à la folie des névrosés et autres psychopathes qui peuvent ainsi être condamnés à la prison par leurs juges. Le Diable existe-t-il ? Là encore, ce n’est ni Jean Wier, ni moi-même qui en apporteront la preuve. Ce n’est, d’ailleurs, nullement le sujet du De Praestigiis Daemonum. Cependant, il est certain que sans la notion même et l’Histoire de cet Ange déchu, il serait absurde de poursuivre la lecture. C’est moins au Diable, que Jean Wier fait allusion, mais bien à ce qui est ancré dans les mentalités de cette époque trouble, que sont le XV et le XVIe siècle.
Restons ainsi ouvert, si vous le voulez bien, car c’est l’outil que je vous propose d’aiguiser avant la lecture de Jean Wier. Restons ouvert à d’autres formes de questionnement. Prenons du recul. Car, ici et jusqu’à maintenant, nous n’avons fait que proposer avec des mots à nous, avec notre pensée du XXIe siècle, une réflexion basique. Si nous effacions pour un temps, celui de la lecture, l’emprise de nos études, de nos savoirs, de nos suppositions ? Revenons à une époque, ou mythologie, philosophie, religion et superstitions étaient indissociables. Revenons à cette époque ou la simple idée de purgatoire et d’enfer, faisait dresser les cheveux sur la tête et imposait de se signer du signe de la croix. Une époque où, le fait de blasphémer vous rendait coupable devant Dieu. Revenons à cette époque durant laquelle, sans doute mieux et plus complètement qu’aujourd’hui, des hommes ont cherché à comprendre le but et l’objectif d’une vie terrestre, afin d’assurer une vie divine après la mort. Cette recherche difficile, peut-être même utopique, puisqu’officiellement, très peu de personnes ne sont revenues de l’au-delà, reste bien éloignée des tracas de l’homme moderne. Il préfère traduire sa recherche de bien être, par son questionnement sur la place qu’il tient dans l’organigramme et son niveau de salaire dans la société capitalisée en bourse à qui il appartient. On ne prépare plus l’avenir, mais on subit le présent. Car, malgré le fait que les médias et les hommes politiques nous rabattent les oreilles avec cette idée de l’Individualisme destructeur, graine de tous les maux, c’est sans doute dans la spiritualité qu’il faut chercher le manque. Cette spiritualité n’a toutefois pas disparu. Elle n’est cependant plus à sa place. Elle prend des formes des plus étranges. L’Eglise dans nos Etats Européens, rythmait avec logique non seulement le calendrier par les fêtes et les célébrations religieuses, mais également les valeurs qui étaient apprises et impliquées dès les tendres années, dans la tête des enfants. Cette Eglise a été remplacée par des Ersatz spirituels, sans fondement, sans profondeur, sans morale, et plus dangereux, sans contrôle. La laïcité imposée, en est un exemple, se proposant d’aller à l’encontre du Cinquième Commandement jusqu’à légiférer sur le Droit de vie et de mort pour des patients comateux !
Alors, revenons à cette spiritualité en mouvement, à une époque du XV et XVIe siècle ou l’Islam possède déjà une grande partie des terres entourant la méditerranée. Une époque où la Réforme remporte ses premiers succès, devant une discorde fratricide, qui sépare les Eglises Chrétiennes Catholique et d’Orient. Une époque où l’Alchimie, la Démonologie et la Sorcellerie se cherchent un héritage antique, à travers l’Egypte d’Osiris et d’Horus, la Perse de Zoroastre, la Grèce de Périclès. Regardons cette époque, où toute opposition ouverte peut envoyer au bûcher. Regardons cette époque et absorbons là, le temps d’une lecture. Alors, nous trouverons une logique incontestable dans les arguments de Jean Wier, même si cette logique reste condamnable. Et nous pourrons, comme Rabelais le disait, tirer du De Praestigiis Daemonum, « la vraie et substantifique moelle » !